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Le ciblage thérapeutique selon Gilles Salles

Le Pr Gilles Salles est chef du service d’hématologie au sein du Groupement Hospitalier Sud et directeur d’une équipe qui étudie les mécanismes moléculaires associés à la survenue des lymphomes. Il explique comment le ciblage thérapeutique a permis de grandes avancées dans les traitements de ces maladies.

« Lorsque dans les années 90, la recherche a mieux compris la cancérogenèse, elle a identifié dans les cellules malignes des cibles potentielles sur lesquelles il était possible d’intervenir, par exemple une protéine membranaire qu’on attaque avec un anticorps. Le concept de ciblage thérapeutique est apparu : développer des médicaments qui se fondent sur les anomalies spécifiques des cellules cancéreuses. 

Le « boom » du ciblage thérapeutique dans les essais cliniques

Des centaines de médicaments issus du ciblage thérapeutique sont actuellement développées dans le cadre d’essais dans le monde -et dans les centres de soins de Lyon- chez des patients aux cancers avancés. Si des molécules démontrent leur efficacité et leur bonne tolérance, nous développerons la recherche clinique en positionnant ces médicaments dans nos solutions thérapeutiques et si les résultats sont satisfaisants, ils intègreront l’arsenal thérapeutique utilisé d’emblée.

Les apports du ciblage thérapeutique en hématologie

Dans le domaine de l’hématologie, trois grands exemples de ciblage thérapeutique peuvent être cités. Le premier est le ciblage du mécanisme oncogénique primaire dans la leucémie myéloïde chronique, qui se caractérise par un remaniement chromosomique et la création d’une protéine anormale. Mis au point au début des années 2000, les inhibiteurs de la tyrosine kinase combattent spécifiquement cette protéine. Grâce au ciblage thérapeutique, les patients prennent aujourd’hui un médicament par voie orale quotidiennement alors qu’ils devaient subir de lourdes injections auparavant. Surtout, cette maladie naguère rapidement fatale est devenue chronique et beaucoup de patients conservent une qualité de vie normale. 
 
Le  deuxième exemple de ciblage thérapeutique sont les anticorps monoclonaux qui ciblent une protéine présente à la surface de la cellule cancéreuse. Les anti-CD20 ont ainsi constitué une avancée majeure dans le traitement des lymphomes en guérissant substantiellement plus de patients. Le troisième exemple de ciblage thérapeutique concerne une protéine située sur les lymphocytes B à partir desquels apparaissent les lymphomes, la bruton tyrosine kinase (BTK). Des inhibiteurs de la BTK viennent d’être développés avec des résultats cliniques impressionnants dans des maladies réfractaires aux traitements habituels ou agressifs. Le ciblage thérapeutique permet donc des progrès très importants dans le traitement des pathologies cancéreuses » 

Portrait du Pr Gilles Salles
Le ciblage thérapeutique, axe scientifique de Synergie Lyon Cancer