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L’échappement tumoral selon Alain Puisieux

Le Pr Alain Puisieux dirige le Centre de recherche en cancérologie de Lyon (CRCL). Son équipe cherche à comprendre comment les cellules cancéreuses arrivent à échapper aux systèmes naturels de protection cellulaire (phénomène appelé «échappement tumoral »).

« Les cellules de l’organisme savent lutter contre les stress environnementaux ou endogènes auxquels elles sont soumises et qui pourraient engendrer des altérations génomiques, une prolifération anormale et des cancers. Elles contiennent un « régulateur de vitesse » qui lorsqu’elles se divisent trop souvent, provoque soit l’arrêt définitif de la multiplication, soit la mort de la cellule. Ces systèmes, certes coercitifs, protègent l’organisme des transformations malignes. 

Réactivation embryonnaire et échappement tumoral

Pour devenir cancéreuse, une cellule doit donc contourner ces systèmes et notamment empêcher l’activité de la protéine P53 qui joue un rôle crucial dans cette sauvegarde, par exemple par une mutation : c’est l’échappement tumoral. Nous avons montré qu’au cours du développement de nombreux cancers, des processus embryonnaires sont réactivés de façon aberrante. Lors du développement de l’embryon, les cellules se divisent évidemment rapidement et sont très mobiles : elles doivent bâtir tout l’organisme ! Mais à l’âge adulte, cette division rapide engendre des proliférations anormales en inactivant les processus de sauvegarde et cette mobilité induit une capacité de dissémination métastatique. Sur la base de nos recherches et de nos connaissances des mécanismes d’échappement tumoral, nous essayons de proposer de nouveaux outils au service des patients atteints de cancer.

Des molécules empêchant l’échappement tumoral actuellement testées

Si l’on comprend les évènements à l’origine de cet échappement tumoral, on peut essayer de les  cibler en conceptualisant des molécules capables de les inhiber et de restaurer les systèmes de protection. Pour certains de nos travaux, nous sommes à des étapes de compréhension de la  meilleure fasçon de contrer l’échappement tumoral. Pour d’autres, nous sommes dans une phase de tests des composés sur les voies que nous avons identifiées. Enfin, comme l’une de nos molécules fonctionne bien sur des modèles précliniques, nous allons l’essayer chez des patients atteints de cancer. » 

Portrait d’Alain Puisieux, spécialiste de l’échappement tumoral
L’échappement tumoral, axe scientifique de Synergie Lyon Cancer