Emilie Hénin est une jeune ingénieure spécialisée dans la modélisation des réponses des patients aux médicaments. Ses travaux prometteurs sur l’optimisation d’un traitement anti-cancéreux sont soutenus depuis 2011 par Synergie Lyon Cancer.

La modélisation pharmacologique appartient à la pharmacométrie, une science méconnue de l’ingénierie de la recherche. « Le développement d’un modèle statistique à partir de la mise en équation de phénomènes pharmacologiques observés ou reportés dans la littérature aide à prévoir ce qui va se passer dans un système différent », explique Emilie Hénin. « Par exemple, il permet de simuler chez un patient particulier ou dans un groupe de patients la distribution d’une molécule dans certaines situations morphologiques ou physiologiques - poids, âge, médicaments concomitants… et d’en déduire la dose la plus adaptée ». Résultats : le développement des médicaments peut être accéléré et les coûts expérimentaux des essais cliniques, allégés. « Evidemment, les extrapolations ne peuvent se substituer à l’expérience clinique et l’expertise des cliniciens », ajoute l’ingénieure. 

La modélisation, un outil d’accompagnement du  développement des médicaments 

Au sein de l’unité « Ciblage Thérapeutique en Oncologie » à Lyon Sud, Emilie Hénin cherche à optimiser une thérapie anticancéreuse associant le sorafenib et l’everolimus. Elle développe un modèle mathématique permettant de déterminer à quels dosages ces deux molécules agissent en synergie et ainsi, de proposer un régime d’administration qui sera validé par un essai clinique. Le but : maximiser l’efficacité de ce traitement sur la croissance tumorale tout en limitant sa toxicité. Après un long travail de quantification, Emilie Hénin confiera l’exposition des cellules cancéreuses à ces deux molécules selon différentes concentrations à une équipe du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CRCL) : le CRCL possède un savoir-faire reconnu dans les expérimentations sur cultures cellulaires. Parallèlement à son activité de recherche, Emilie Hénin collabore avec le service clinique d’oncologie médicale de l’Hôpital Lyon Sud, pour la mise en place, le suivi et l’analyse d’études cliniques.

Emilie Hénin est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en biosciences, bioinformatique et modélisation et d’un Master recherche en mathématiques et informatique appliquées aux sciences de la vie. Après sa thèse dédiée à l’impact de la non–observance sur la toxicité et l’efficacité d’un traitement anticancéreux, elle a passé son post-doctorat à Uppsala en Suède, dans le groupe universitaire de recherche en pharmacométrie : « Je me projetais plutôt vers l’industrie et ne pensais pas retourner en France », se souvient-elle. « Synergie Lyon Cancer m’a permis de revenir à une recherche universitaire associée à une activité hospitalière ». Ici, la jeune femme peut épanouir ce qu’elle considère comme l’âme de sa pratique : « La modélisation offre des possibilités d’application variées et des bénéfices directs en clinique. Je traite des données, mais le patient est là, tout à côté. C’est ce lien de proximité qui me motive depuis 10 ans ».